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Titre: Dans les brumes du nord
Auteur/Artiste:
malurette
Fandom: The Eagle of the Ninth
Table et prompt: X:07:07, errances
Personnages/Pairing: Marcus Flavius Aquila & Esca Mac Cunoval
Rating: PG
Disclaimer: Rosemary Sutcliff
Les semaines s’étiraient en mois alors que Marcus et Esca cherchaient leur chemin dans les contrées du nord, de village en village, de tribu en tribu, à la recherche d’un fantôme. Perdus parfois trop à l’est ou trop à l’ouest, égarés par la nuit, la pluie ou le brouillard, ils avaient remis leur chemin aux mains des dieux. Le retour serait moins difficile ; il suffirait de tracer droit au sud jusqu’au Mur et ils retrouveraient bien des jalons pour les remettre dans la bonne direction, mais avant cela, encore fallait-il découvrir la fameuse aigle perdue. Chaque fois qu’ils espéraient s’en approcher, elle se dérobait à nouveau ; parfois découragés, ils en venaient à craindre de ne jamais la retrouver.
Au cours de leur périple, à défaut d’indices pouvant les mettre sur la bonne piste, ils découvrirent beaucoup de choses inattendues ; sur les autres peuples et leurs coutumes différentes, qui surprenaient parfois même Esca. Le plus étonnant pour Marcus qui croyait naïvement l’Aigle centre du monde et de la guerre, leur haine ou leur ignorance des Romains s’effaçait souvent derrière une préoccupation envers leurs voisins immédiat, bien plus importants pour eux qu’une quelconque menace lointaine. Les bruits courant sur une révolte massive du nord étaient-ils donc faux, si les querelles de voisinage devaient encore l’emporter sur l’unification ? Pour le savoir, il aurait fallu passer beaucoup de temps auprès de chacun et n’être plus considérés parmi eux comme des étrangers…
Justement, quand la tentation leur venait parfois d’oublier, de renoncer, de croire que l’Aigle était morte, d’ores et déjà détruite, l’idée de rester là les effleurait… Marcus refusait pourtant à chaque fois de céder ; et, si quelqu’un devait la détruire, cette aigle maudite, ça serait lui, de ses propres mains. Il imaginait parfois, dans des moments de fièvre : une lourde pierre pour la marteler, puis le feu sur un bûcher comme l’autel sur lequel a sacrifié cet oiseau de bois, et son enfance, des souvenirs précieux, pour courir après un bout de métal.
Quel présage se cachait derrière la rencontre avec Guern le chasseur ? Ils pourraient faire
comme lui, trouver un village éloigné de tout, s’y perdre… s’y fixer. Il faudrait, bien sûr, pour les y aider, y trouver des épouses pour parfaire leur intégration, mais Esca doutait de l’existence d’une sorcière assez puissante pour rompre le sortilège de l’aigle et à son tour envoûter Marcus. Quant à lui, tant que Marcus serait sous sa responsabilité, il lui serait impossible d’y songer.
Ce n’était pas comme s’il avait pu faire disparaître Marcus à qui il s’était pourtant tellement attaché ! Évidemment Esca ne parlerait jamais de le laisser mourir, mais de l’effacer sous l’identité factice de Demetrius d’Alexandrie : elle n’était pas si mal non plus, cette personne-là. Il aurait pu aussi continuer à venir en aide aux villageois qu’il recontrait, et apprendre d’eux d’autres herbes pour soigner des maux autres que les ophtalmies. Herboriste, c’était une position enviable, et Esca serait toujours resté son serviteur. Ou il pourrait reprendre son identité et revendiquer à nouveau l’héritage de la tribu des hommes aux boucliers de guerre bleus, à condition de n’être pas vu pour cela comme une ennemi par celle qui les accueillerait.
Mais bon, Demetrius n’était qu’une identité d’emprunt, si Marcus aimait aider ici et là, il n’oubliait pas pour autant la mission qui était sienne, et il préfèrerait mourir à la tâche que d’échouer. Fouetté par le souvenir de son père, mort dans la honte, il tenait à marcher dans ses traces, ne jamais renoncer, et réussir où il avait échoué, ou mourir en essayant, tombé dans un fossé ou tué par un barbare, mais sans jamais abandonner. Marcus refusait d’admettre qu’il pourrait tomber victime de la même malédiction que celle qui emporta son père et sa légion. Aux heures les plus sombres, il priait son dieu de lumière pour qu’il lui indique la route à suivre.
Esca pensait alors à son propre père, tué au combat, parti se battre en sachant qu’il n’en réchapperait pas. Il avait achevé son épouse avant même de se lancer dans la bataille pour lui éviter de tomber aux mains de leurs ennemis dont il ne pourrait pas triompher. Ses frères et ses camarades y tombèrent aussi. Et lui n’avait pas réussi ni à renverser le combat ni à y mourir de façon honorable. Maintenant qu’il se retrouvait dans ces terres du nord, au-delà de celles de sa tribu anéantie, affranchi et toujours attaché à cet homme qui fut son maître et qui était devenu son ami, les siens le considèreraient-il comme un traître ? Mais il ne restait plus rien de son passé, plus rien pour le ramener à son ancienne vie ; parmi les colons du sud ou les habitants du nord, il était toujours un étranger. Qu’il se fixe ici ou là, peu lui importait, tant que ça restait auprès de Marcus.
Et il svait qu’espérer que Marcus se fixe ici était vain. Même s’ils retrouvaient l’aigle et décidaient, au lieu de la rapporter, de la détruire sur place, il faudrait toujours envoyer à Rome un message pour en rendre compte, que l’on sache là-bas la menace de ce symbole anéanti, la réussite relative de la mission, et qu’on ne risque pas d’en envoyer une autre derrière. Et s’ils étaient en vie pour lancer le message, alors pourquoi pas ne rentrer le porter soi-même ? À moins de le certitude de sa propre mort imminente, Marcus ne délèguerait pas cette tâche à quiconque d’autre qu’Esca lui-même. Or jamais Esca ne repartirait vers les provinces conquises en ayant laissé Marcus derrière lui en territoire barbare !
Ils n’étaient pas assez lâches ni l’un ni l’autre pour abandonner leur mission en cours de route, sans quoi ils n’y seraient pas partis en premier lieu. Mais quand même… quelques mauvaises pensées les habitaient par moments, dont ils auraient honte quand ils retrouveraient le chemin de la maison, où que ça soit désormais.
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glyfic]
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Table et prompt: X:07:07, errances
Personnages/Pairing: Marcus Flavius Aquila & Esca Mac Cunoval
Rating: PG
Disclaimer: Rosemary Sutcliff
Les semaines s’étiraient en mois alors que Marcus et Esca cherchaient leur chemin dans les contrées du nord, de village en village, de tribu en tribu, à la recherche d’un fantôme. Perdus parfois trop à l’est ou trop à l’ouest, égarés par la nuit, la pluie ou le brouillard, ils avaient remis leur chemin aux mains des dieux. Le retour serait moins difficile ; il suffirait de tracer droit au sud jusqu’au Mur et ils retrouveraient bien des jalons pour les remettre dans la bonne direction, mais avant cela, encore fallait-il découvrir la fameuse aigle perdue. Chaque fois qu’ils espéraient s’en approcher, elle se dérobait à nouveau ; parfois découragés, ils en venaient à craindre de ne jamais la retrouver.
Au cours de leur périple, à défaut d’indices pouvant les mettre sur la bonne piste, ils découvrirent beaucoup de choses inattendues ; sur les autres peuples et leurs coutumes différentes, qui surprenaient parfois même Esca. Le plus étonnant pour Marcus qui croyait naïvement l’Aigle centre du monde et de la guerre, leur haine ou leur ignorance des Romains s’effaçait souvent derrière une préoccupation envers leurs voisins immédiat, bien plus importants pour eux qu’une quelconque menace lointaine. Les bruits courant sur une révolte massive du nord étaient-ils donc faux, si les querelles de voisinage devaient encore l’emporter sur l’unification ? Pour le savoir, il aurait fallu passer beaucoup de temps auprès de chacun et n’être plus considérés parmi eux comme des étrangers…
Justement, quand la tentation leur venait parfois d’oublier, de renoncer, de croire que l’Aigle était morte, d’ores et déjà détruite, l’idée de rester là les effleurait… Marcus refusait pourtant à chaque fois de céder ; et, si quelqu’un devait la détruire, cette aigle maudite, ça serait lui, de ses propres mains. Il imaginait parfois, dans des moments de fièvre : une lourde pierre pour la marteler, puis le feu sur un bûcher comme l’autel sur lequel a sacrifié cet oiseau de bois, et son enfance, des souvenirs précieux, pour courir après un bout de métal.
Quel présage se cachait derrière la rencontre avec Guern le chasseur ? Ils pourraient faire
comme lui, trouver un village éloigné de tout, s’y perdre… s’y fixer. Il faudrait, bien sûr, pour les y aider, y trouver des épouses pour parfaire leur intégration, mais Esca doutait de l’existence d’une sorcière assez puissante pour rompre le sortilège de l’aigle et à son tour envoûter Marcus. Quant à lui, tant que Marcus serait sous sa responsabilité, il lui serait impossible d’y songer.
Ce n’était pas comme s’il avait pu faire disparaître Marcus à qui il s’était pourtant tellement attaché ! Évidemment Esca ne parlerait jamais de le laisser mourir, mais de l’effacer sous l’identité factice de Demetrius d’Alexandrie : elle n’était pas si mal non plus, cette personne-là. Il aurait pu aussi continuer à venir en aide aux villageois qu’il recontrait, et apprendre d’eux d’autres herbes pour soigner des maux autres que les ophtalmies. Herboriste, c’était une position enviable, et Esca serait toujours resté son serviteur. Ou il pourrait reprendre son identité et revendiquer à nouveau l’héritage de la tribu des hommes aux boucliers de guerre bleus, à condition de n’être pas vu pour cela comme une ennemi par celle qui les accueillerait.
Mais bon, Demetrius n’était qu’une identité d’emprunt, si Marcus aimait aider ici et là, il n’oubliait pas pour autant la mission qui était sienne, et il préfèrerait mourir à la tâche que d’échouer. Fouetté par le souvenir de son père, mort dans la honte, il tenait à marcher dans ses traces, ne jamais renoncer, et réussir où il avait échoué, ou mourir en essayant, tombé dans un fossé ou tué par un barbare, mais sans jamais abandonner. Marcus refusait d’admettre qu’il pourrait tomber victime de la même malédiction que celle qui emporta son père et sa légion. Aux heures les plus sombres, il priait son dieu de lumière pour qu’il lui indique la route à suivre.
Esca pensait alors à son propre père, tué au combat, parti se battre en sachant qu’il n’en réchapperait pas. Il avait achevé son épouse avant même de se lancer dans la bataille pour lui éviter de tomber aux mains de leurs ennemis dont il ne pourrait pas triompher. Ses frères et ses camarades y tombèrent aussi. Et lui n’avait pas réussi ni à renverser le combat ni à y mourir de façon honorable. Maintenant qu’il se retrouvait dans ces terres du nord, au-delà de celles de sa tribu anéantie, affranchi et toujours attaché à cet homme qui fut son maître et qui était devenu son ami, les siens le considèreraient-il comme un traître ? Mais il ne restait plus rien de son passé, plus rien pour le ramener à son ancienne vie ; parmi les colons du sud ou les habitants du nord, il était toujours un étranger. Qu’il se fixe ici ou là, peu lui importait, tant que ça restait auprès de Marcus.
Et il svait qu’espérer que Marcus se fixe ici était vain. Même s’ils retrouvaient l’aigle et décidaient, au lieu de la rapporter, de la détruire sur place, il faudrait toujours envoyer à Rome un message pour en rendre compte, que l’on sache là-bas la menace de ce symbole anéanti, la réussite relative de la mission, et qu’on ne risque pas d’en envoyer une autre derrière. Et s’ils étaient en vie pour lancer le message, alors pourquoi pas ne rentrer le porter soi-même ? À moins de le certitude de sa propre mort imminente, Marcus ne délèguerait pas cette tâche à quiconque d’autre qu’Esca lui-même. Or jamais Esca ne repartirait vers les provinces conquises en ayant laissé Marcus derrière lui en territoire barbare !
Ils n’étaient pas assez lâches ni l’un ni l’autre pour abandonner leur mission en cours de route, sans quoi ils n’y seraient pas partis en premier lieu. Mais quand même… quelques mauvaises pensées les habitaient par moments, dont ils auraient honte quand ils retrouveraient le chemin de la maison, où que ça soit désormais.
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