azalee_calypso: (spiral kanoai)
Azalee ([personal profile] azalee_calypso) wrote in [community profile] 10_choix2007-10-25 06:50 am

Spiral - Kanone & Eyes - X3:05 : Musique

Titre: Création
Auteur: azalee_calypso
Fandom: Spiral
Table et prompt: X3:05 : Musique
Personnage(s)/Pairing: Eyes, sa mère, Kanone
Rating: G
Disclaimer: A Shirodaira Kyou, Eita Mizuno, Square Enix, Gan Gan Comics, etc, et je sais pas quoi pour l'anime. Beaucoup trop tordu pour être de moi.
Notes: ... au départ, c'était juste la dernière partie, qui m'a sauté au visage au beau milieu d'un cours et que j'ai écrite en vitesse le soir. Ça n'a pas bougé pendant un moment et ça avait l'air parti pour rester comme ça — et puis tout ce qu'il y a avant est sorti de nulle part brusquement il y a deux-trois jours. ^^U



Quand Eyes a cinq ans, sa mère le prend par les épaules, l'emmène au grenier et l'assied devant le vieux piano, qui y trône depuis bien avant la naissance du petit garçon. Elle essuie un peu de la poussière qui s'est accumulée pendant les années que l'instrument a passées là, soulève le clapet avec mille précautions, prend les mains de son fils avec plus de soin encore et les dépose sur les touches.
L'enfant ne dit rien, mais lève sur elle les yeux perçants qui lui ont valu son nom, et elle songe encore une fois qu'elle ne sait toujours pas de qui peuvent bien venir des yeux d'un bleu pareil.
— Joue, chuchote-t-elle.
Il ne cille pas.
— Essaie, insiste-t-elle, dans un souffle qui soulève une nouvelle couche de poussière. Tes mains peuvent faire bien plus que tuer, je le sais.


Elle a raison, bien sûr ; les mères ont toujours raison, même si celle-ci a eu tort d'avoir ce fils et a tort de l'aimer autant.
Eyes ne semble pas particulièrement aimer jouer du piano, mais il n'a jamais particulièrement aimé quoi que ce soit ; en tous cas, il n'émet pas la moindre protestation à la perspective de passer presque une journée entière devant l'instrument. Et il est doué, tellement qu'elle avait beau s'y attendre, elle a du mal à y croire elle-même.
Après quelques semaines de leçons intensives, elle réalise qu'il est bien meilleur qu'elle l'a jamais été ; le professeur particulier qu'elle a engagé lui avoue n'avoir jamais vu ça.
— C'est un prodige, insiste-t-il.
— Vous pouvez dire ça comme ça, murmure-t-elle.
Elle croise un instant le regard, dénué de la moindre expression, de son fils, puis regarde les petites mains qui déjà semblent danser de leur propre chef d'une touche à l'autre, et est soulagée.


— C'est Eyes qui joue ? demande aussitôt le petit Kanone Hilbert la première fois qu'elle lui ouvre et qu'il entend le son du piano, depuis le salon où est désormais installé l'instrument.
Elle hoche la tête, avec un léger sourire qui ne laisse pas paraître à quel point ce son la rassure. Au moins, tant qu'elle l'entend jouer, elle n'a pas à craindre qu'il soit en train de torturer et tuer des animaux de plus en plus gros dans un coin du jardin, elle n'a pas à craindre qu'un jour il ne décide de passer aux humains. Mais ça, ni le (seul) compagnon de jeux de son fils, ni qui que ce soit d'autre n'a besoin de le savoir.
Etrangement, au lieu de courir rejoindre son ami comme d'habitude, Kanone reste planté avec elle dans le hall, la tête légèrement inclinée sur le côté et les yeux plissés par la concentration, l'air d'écouter attentivement.
— C'est bizarre, remarque le petit garçon tandis que la mélodie ralentit, c'est vraiment bizarre qu'il puisse créer quelque chose comme ça.
— Comme ça ? demande-t-elle machinalement.
Kanone relève la tête et lui sourit, un sourire plein de dents et de fossettes, et elle trouve soudain quelque chose de très bizarre à son regard.
— On est censés détruire, explique-t-il tout naturellement, pas créer.
Son sourire s'élargit et il fait volte-face et court au salon. Et tandis qu'il s'éloigne, elle réalise pour la première fois qu'il y a des yeux aux pupilles minces et verticales ; comme ceux d'un chat, comme ceux d'Eyes.


Le morceau se termine enfin et Eyes relève les yeux de la partition qu'il lit déjà couramment ; Kanone est assis par terre à côté du tabouret, ses genoux serrés contre sa poitrine et un sourire lumineux à travers les larmes qui coulent sans retenue sur ses joues.
— C'est beau, souffle-t-il doucement.
Eyes détourne les yeux sur ses mains, reposant toujours légèrement sur les touches du piano.
— Si tu le dis, murmure-t-il.